Quand on parle de chien et de chat de « race hybride » ou « hybride »,
qu’est-ce que cela signifie ?
Un hybride, c’est le fruit de deux espèces animales différentes. Certains sont particulièrement connus, et très facile à rencontrer : les mules/mulets et les bardots. Croisement entre un.e cheval/jument et un.e âne.sse. Ces deux espèces hybrides d’équidés sont stériles, du fait du nombre de chromosomes divergents chez leurs parents. Si l’accouplement est techniquement possible car leurs génomes sont proches, ils ne pourront jamais former une nouvelle espèce. Pour autant, leur croisement est fréquent.
Qu’en est-il des hybrides félins et canins ?
Là encore, la fertilité joue des hauts et des bas. En général, le mâle est stérile, donc les éleveurs ne peuvent utiliser que les rares femelles fertiles pour créer ces fameuses races par hybridation. Il faut donc du temps, de la patience – beaucoup d’argent – et une grosse sélection génétique avec l’utilisation d’autres races qui sont, elles, bien fertiles, pour obtenir une race de chien ou de chat, qui ne soit plus un hybride, mais officiellement un chat ou un chien dit « de race ».
Les races tirées d’hybridation les plus rependues parmi les chats et les chiens, sont les races du « Bengal » et du « Chien-Loup Tchèque ». Des années de travail acharné pour obtenir un standard de race admis dans la FCI ( Fédération Cynologique Internationale) et la FIFe ( Fédération Internationale Féline). À savoir qu’un hybride n’est NI UN CHIEN, NI UN CHAT, jusqu’à ce qu’il atteigne 5 génération à partir du premier croisement avec l’autre espèce sauvage (on appelle F1 le fruit du premier croisement entre le chien/chat de race et l’espèce sauvage – Loup/Chat Léopard d’Asie/Serval… ). Parvenue à la 5e génération, le potentiel génétique de l’espèce (souvent sauvage) est de l’ordre de 10% environ. Ainsi, on ne parle plus d’hybrides, mais d’un chat ou d’un chien de race, avec une ascendance hybride.
Le problème avec les « races hybrides » présentes chez les chiens et chats :
Pour obtenir des « races hybrides » (races tirées d’hybridation) comme l’humain les aiment, on va chercher un phénotype (apparence physique de l’animal) élégant, beau, sauvage et surtout exotique – pour ne pas dire original. Et pour ça, l’humain se dirige vers des espèces canines et félines sauvages, mais captives.
Autrement dit, du loup chez le chien et d’autres félins du type Chat Sauvage d’Asie, Serval, Caracal et autres joyeusetés du genre...
Et quand on parle d’animal sauvage, on parle bien d’un animal non domestiqué, très souvent interdit à l’achat et à la possession (notamment en France), et possédant des caractéristiques spécifiques propres à des espèces non adaptées à la captivité. Croisé avec des espèces domestiques comme des chats et des chiens, on se retrouve avec des hybrides aux comportements craintifs, agressifs et dérangeants ( bien plus élevés et persistant que chez des espèces domestiquées).
Ainsi, ces hybrides sont ensuite à nouveau reproduits pour « diluer » ces comportements, et donc éloigner la part « sauvage » de l’individu, pour obtenir des animaux capables de cohabiter avec l’humain. Pour autant, les gênes sauvages sont bel et bien présents dans leurs génomes, et ces nouvelles races, créées par l’homme, doivent subir la vie en captivité. Ainsi, il est particulièrement reconnu qu’entre de mauvaises mains, et élevés par des personnes peu responsables, les Blue Bay et les Timber Shepherd, ainsi que les Savannah, par exemple, ne sont pas facile à vivre.
Les premiers sont souvent très méfiants envers les étrangers, ont besoin de vivre avec d’autres congénères pour se sentir bien, et ne se familiarisent pas facilement à des environnements hyper-stimulés comme les milieux urbains.
Les Savannah, quant à eux, montrent facilement des conduites agressives, sont rarement avare de manipulation, ont besoin d’une alimentation proche de celle de leurs ancêtres et, par-dessus tout, sont de très gros marqueurs. C’est-à-dire qu’ils font leurs besoins en dehors de la litière, font leurs griffes sur les meubles ou les murs… ( voir article associé aux « Les Chats, ces marqueurs de compétition »). D’ailleurs, il en va de même pour les Bengals, dans une moindre mesure.
Toutes ces caractéristiques font que ces espèces ne sont définitivement pas faites pour être élevées par le premier venu ou placé entre des mains non expertes.
Bien entendu, à force de sélection obstinée, on obtient immanquablement des races telles que le Chien Loup Tchèque ou de Saarlos, ou encore le Bengal chez le chat…
Mais ces races sont le fruit d’humains têtus, qui ne cherchent rien de plus qu’à obtenir de l’exotisme dans leur intérieur, en bravant Mère Nature, qui est si bien faite que les Hybrides sont majoritairement stériles… et s’ils le sont, ce n’est peut-être pas pour rien…
Alors, prenez deux minutes pour y songer, si vous pensez à acquérir un chien ou un chat hybride. Quel intérêt, à part se vanter de posséder un animal si exotique que vos amis s’émerveilleront ?
Rappelez-vous que les animaux ne sont PAS des accessoires. Qu’ils ont des besoins, des instincts à combler, et que toutes les espèces – voir aucune, si on y réfléchit profondément… - ne sont pas faites pour cohabiter avec l’humain. Pourquoi vouloir posséder un Perroquet exotique dans une volière de 5m² quand il est habituellement fait pour parcourir des kilomètres ? Les personnes les prennent-ils pour la survie de l’espèce ? Je ne pense pas…
Se dire que de toute façon, l’animal est né en captivité et n’a jamais connu la liberté n’est pas – et ne devrait pas – être une excuse pour l’accueillir dans votre salon ou dans votre jardin.
Quand un Savannah peut vous défigurer gravement d’un coup de patte et qu’il a besoin de manger des carcasses de poulet entier pour être en bonne santé, pourquoi le prendre dans un appartement de 100m² et les nourrir à l’alimentation industrielle ? Bien entendu, tout le monde ne peut pas acquérir un Savannah, mais cette réflexion est à méditer pour toutes les « races hybrides » dont les besoins sont autrement plus importants – et surtout en désaccord avec l’humain – que pour de simples chat et chiens de race.
D’autant qu’il y a la visée éthique qui entre en jeu. Si la nature a fait en sorte de rendre des espèces stériles, pourquoi aller contre elle ? N’y a-t-il pas assez de races de chiens ou de chat « exotique » dans le monde ? Pas assez de refuges ou de sanctuaire pour animaux sauvages ?
Pensez-y si les races hybrides ou leurs descendants vous fascinent…
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